Pendant le haut Moyen-âge, les chefs celtes utilisent une sorte de manche à air en forme de dragon rouge au bout d'une pique.  

I - NAISSANCE DES ARMOIRIES DE BRETAGNE :

D’après nos connaissances « Avant Mauclerc, la Bretagne et ses ducs n'avaient pas d'armoiries ».

Pierre de Dreux dit « Mauclerc », fils cadet, destiné à la prêtrise, préfère le métier des armes, d’où son surnom de « Mauclerc » (Mauvais clerc).
Au début du 13^e siècle, il se marie avec Alix, héritière du duché de Bretagne.

C’est en 1213 qu’apparaissent sur des documents officiels les armoiries de Pierre de Dreux :
"Échiqueté d'or et d'azur à la bordure de gueule brisé d'un quartier d'hermine"  -> Fourrure réservée aux gens d’Église, signe de pureté.

Mauclerc devient Pierre 1^er duc de Bretagne (consort), ses armoiries sont reprises par ses successeurs et symbolisent l'état breton sur les pièces de monnaie, les sceaux et documents officiels.

Temporairement, l’écu d’hermine seul est utilisé. Mais le duc Jean III, après une brouille avec sa famille d'origine, retire les armes des Dreux de son blason pour ne laisser que l’hermine.
Depuis 1316 l’écu d’hermine devient celui de la Bretagne.

L’hermine est un petit mammifère à la fourrure blanche l’hiver, seule sa queue reste noire.
En héraldique elle peut apparaître en tant qu’animal : l’hermine passante

Ville de Vannes	Ville de Saint-Malo

Sa représentation stylisée : la moucheture d’hermine tenue par trois épingles en forme de croix.
Un champ d'hermine se compose de mouchetures disposées en quinconce.  

II - DRAPEAUX ET PAVILLONS DE BRETAGNE :

L'écu d’hermine se retrouve sous la forme d'un drapeau : C'est la Bannière ducale d’hermine plain ou Bannière  de Bretagne

Le blanc et le noir deviennent couleurs bretonnes.

La puissante marine de Bretagne dispose de pavillons distinctifs apparus fin 15^e :

C’est la Croix noire sur fond blanc ou "Kroaz-Du" (en breton). Les versions contenant des mouchetures d'hermine dans les cantons (rectangles) sont les plus utilisées.

Kroaz-Du (simple)	Kroaz-Du Erminiged

Ces drapeaux servent aussi pour des batailles sur terre lors de la guerre de cent ans et notamment en 1488, lors à St Aubain du Cormier, théâtre de la dernière bataille où les armées du roi de France battent les bretons et leurs alliés.  

Vaincu, le duc François II meurt peu de temps après et laisse sa fille Anne, âgée de 13 ans, seule héritière du duché.
C'est le roi de France Charles VIII qui devient son tuteur.

En 1491,  Anne de Bretagne se marie avec Charles VIII.
Il meurt accidentellement en 1498.

En 1499, mariage de Louis XII et Anne de Bretagne à Nantes.
Anne est 2 fois reine de France.

Anne de Bretagne reine de France
(Ecu parti de France et de Bretagne)

En 1532, par le Traité d'Union Perpétuelle, signé à Nantes, la Bretagne perd son indépendance et devient province de France.

Elle n'est plus représentée et gouvernée par un duc. La Bretagne reçois deux instances dirigeantes qui administrent la province avec une forte autonomie jusqu'en 1789 :

    - Le Parlement de Bretagne, siégeant à Nantes puis transféré à Rennes depuis 1673 (par la volonté du roi de France Louis XIV).

    - les États de Bretagne, assemblée se réunissant à Vannes tous les 2 ans pour définir les grandes orientations de la province.

Les Fleurs de lys font leur apparition sur les armoiries de l’administration Franco-bretonne.  Notamment la Marine.

Drapeau de la ville de Brest	Ville de Tréguier

 

Sous Louis XIII, Richelieu réorganise la marine de France et cré l'Amirauté de Bretagne. Son pavillon est la croix noire recouverte de la croix blanche française, les cantons contiennent une ou plusieurs mouchetures d’hermines sur le même principe que le Pavillon du Québec.

 

A la Révolution française, les provinces sont supprimées ainsi que tous leurs droits et libertés.

La Bretagne est divisée en 5 départements en 1790. Les 9 pays traditionnels disparaissent.

Les villes conservent leurs blasons mais leurs armoiries sont transformées par Napoléon. Elles sont modifiées par l'ajout d'un N ou d'abeilles en comble.

Nantes voit son chef d'hermine remplacé par des abeilles noires et l'eau bleue devient vert empire.
A la chute de l'Empire, les hermines de Bretagne reprennent leur place mais l'eau reste officiellement verte.
Voyez les Grandes Armoiries de la ville de Nantes

Écu actuel de Nantes 

Durant le 19e siècle, des écrivains, des personnalités culturelles et des politiciens bretons tentent de regrouper le peuple et la Bretagne sous une bannière commune.

L’hermine (sa moucheture), jamais oubliée, est réutilisée sous forme de drapeaux ou blasons peints lors de fêtes populaires et pardons.
Exemples : visible sur les cartes postales des fêtes paroissiales (Vertou, la Chevrolière) et pour les processions des "Tro Breizh" en basse Bretagne.

Après la 1^ère guerre mondiale, la conscience bretonne renaît. Des mouvements politiques ou culturels s’organisent.
Mais la Bannière d'hermine est  jugée trop proche du drapeau royaliste français ou trop désuète par des mouvement se volant modernes.

Au début des années 1920, un jeune architecte rennais, Morvan Marchal, crée l’actuel drapeau breton.
Appelé le "Gwenn-ha-Du" parce qu’il reprend les couleurs traditionnelles de Bretagne : Blanc et noir.  

Il se compose d’un canton d’hermine plain, rappelant la bannière ducale des origines. Les 9 bandes alternées noires et blanches symbolisent l’unité de la Bretagne en regroupant ses 9 pays historiques. 4 blanches pour la Basse-Bretagne : Cornouaille, Trégor, Léon et Vannetais. 5 noires pour la Haute-Bretagne : Pays de Nantes, de Rennes, de St Malo, de Dol et de St Brieuc.

A la libération, le drapeau breton est injustement déclaré séditieux alors que de nombreux bretons ont choisi la résistance avec De Gaulle dès le 19 juin 1940. N'oublions pas aussi les dizaines de maquis qui firent un travail décisif lors du Débarquement de juin 1944.

Il faut attendre les années 1960 pour revoir le Gwenn-ha-Du flotter au-dessus des manifestations politiques, syndicales et paysannes.

Depuis les années 1970, de plus en plus de mairies, de départements et d'entreprises l’utilisent et donnent au drapeau breton un caractère officiel aux côtés des drapeaux français et européens.

Ce drapeau est celui du peuple breton et de la Bretagne unifiée (5 départements) et non pas celui de la Région administrative appelée « Bretagne ». Il est donc historiquement légitime de le voir flotter sur les bâtiments du Conseil Général de Loire-Atlantique ! < clic
Depuis 2004, grâce à l’action de son président M. Patrick Mareschal, l’unité de la Bretagne est effective en matière de drapeau.

Pour être parfait, il reste pour ce Conseil Général à utiliser le drapeau du Pays Nantais, conçu dans les années 1990.

Ce drapeau est une création du mouvement breton désireux de fournir un emblème pour chacun des 9 pays bretons. Celui du Pays Nantais est basé sur les armoiries du Compté Nantais basculé de 90° pour former le pal rouge au guindant (bande verticale au mât) et le champs d'hermine plain représentant la terre bretonne traversée par la Loire (l'ondée bleue). La nef de Nantes, sa ville capitale, est brochée sur le pal. Rappelons qu'il existé un écusson du Loire-Atlantique conçu par Robert Louis en 1954.

Écu du Comté Nantais	Drapeau du Pays Nantais	Écu de Loire-Atlantique

 

Rappelons que la Loire-Atlantique est le département breton "très herminé", en effet 49 % des communes possèdent des hermines sur leurs armoiries.

Le pavillon de la ville de Nantes est issu de la croix noire herminée de la marine de Bretagne, avec dans le 1^er canton, ses armoiries municipales.

Version : Raphaël VINET
Croix noire pleine et 5 mouchetures par canton 

 

Voici les armoiries proposées pour les cinq département bretons : seul le Finistère utilise les siennes, créées en 1974.
Les autres départements préférant  des logos impersonnels et  sans grand rapport avec l'histoire des territoires administrés.

Côtes d'Armor - 22	Finistère - 29	Ille-et-Vilaine - 35	Loire-Atlantique - 44	Morbihan - 56